A propos, Colombie

Guatapé et son rocher géant…

Du 30 novembre au 2 décembre

J-131 à J-133

Nous voilà dans le bus pour Medellín, la route est en asphalte et de bien meilleure qualité que celle qui nous a menés à Jardin. D’ailleurs, sur cette voie rapide, la montagne est domptée par l’homme. Des travaux pharaoniques défigurent cette vallée. Ici, l’objectif est d’empêcher tout risque d’éboulement. Des tonnes de béton, de tiges filetées s’enfoncent dans les parois, la végétation, les arbres, la nature sont sacrifiés au profit de l’automobile et de la mobilité humaine. Nous nous sentons projetés dans une autre face de la Colombie. Celle du progrès, du profit au dépend de l’environnement. Mais, nous ne sommes pas naïfs, nous savons bien que tout n’est pas toujours tout blanc ou tout noir.

Medellín est une grande ville, très étendue, ayant un réseau de transports en commun bien développé. Le bus bien sûr, le tramway et beaucoup de taxis. Il est assez facile de se déplacer sans voiture et à moindre coût. Nous décidons cependant de ne pas nous attarder ici. Nous ne sommes pas fans des mégapoles et Medellín est connue pour ses quartiers tenus par les cartels de la drogue. Nous sommes dans l’ex QG de Pablo Escobar. Durant la traversée de ville en bus, nous voyons des personnes trier des poubelles au milieu d’une déchetterie à ciel ouvert. Le tri n’est pas fait par les habitants, mais par ces personnes, peut être des réfugiés, qui ont besoin de travailler. Leur condition de vie semble épouvantable, ils sont noirs de crasse, maigres, épuisés. Nous ne pouvons détourner le regard.

Nous changeons de terminal de bus après nous être restaurés dans une caseria du terminal de notre arrivée. Et prenons directement un autre ticket pour Guatapé. Nous avons beaucoup de chance, pas d’attente, le bus suivant part directement. Nous voilà de nouveau installés au milieu des Colombiens. Le bus en Colombie est haut en couleur. Tout une vie s’y déroule et tout un réseau de personnes vivent autour de cette petite bulle de transport. Tout d’abord la musique: même quand tu es en transit, la musique Colombienne t’accompagne. Tu es assis, tu regardes les paysages qui défilent avec cette musique dansante et entraînante. Ton corps suit le tempo, tu écoutes les paroles, le voyage est physique et mental. Dans les bus, il y a toujours des personnes qui montent entre deux arrêts pour te proposer quelques paquets de chips, des glaces ou des fruits, il y a aussi des chanteurs qui interprètent une ou deux chansons contre une petite pièce. Nous avons même eu un vendeur de produits naturels pour se purger les intestins ou pour soutenir une association locale. Ce qui est étonnant, c’est que la plupart des passagers donnent une petite pièce, il y a cette solidarité entre travailleurs très marquée ici. On ne tourne pas la tête pour ne pas voir, on se soutient mutuellement…

L’arrivée à El penol, un petit village à quelques kilomètres de Guatapé se fait de nuit. Il est 18h, nous faisons quelques courses avant de prendre un taxi pour notre logement. Nous avons choisi un lieu excentré. Nous avons envie de profiter de la campagne. La cabane est très rustique, mais nous avons un jardin qui donne sur les bords du lac. La vue pour le moment se limite à celle du jardin, nous sommes fatigués du voyage alors, le repas sera simple et rapide: pâtes et œufs. Nous avons prévu de passer 3 nuits ici. Il fait très humide. La pluie s’est invitée et la maison est fraîche. Nous n’avons qu’une couverture très légère pour nous réchauffer. Je pense, alors avec nostalgie à notre couette bien épaisse et notre lit si douillet qui nous attendent en France. Notre voyage nous enseigne à quel point le confort n’est pas la priorité dans les pays que nous visitons. Nous avons appris à prendre des douches à l’eau froide, faire la vaisselle à l’eau froide, laver notre linge à la main. Ce qu’on ne fait jamais d’habitude et qui finalement n’est pas si désagréable…

Le lendemain, le réveil est enchanteur. Le soleil se lève sur un paysage hypnotisant. Le chant des oiseaux est à son apogée dès les premières lueurs de l’aube. Le soleil est bien présent et me réchauffe déjà malgré l’heure matinale. Tout le monde dort, et moi je profite du spectacle de la nature. En face sur l’autre rive, les vaches sont descendues s’abreuver dans l’eau du lac. Les oiseaux volent d’arbre en arbre, ils ont les couleurs du pays, jaunes, rouges verts… Leur diversité fait plaisir à voir. Un petit colibri virevolte rapidement de fleur en fleur. La nature s’éveille doucement. Que c’est bon de prendre le temps, sans courir, sans stress, sans avoir une liste de choses à faire. Ici, on ne s’occupe que de l’essentiel: faire les courses pour se préparer à manger, s’accorder avec la nature, découvrir ses merveilles. Nous sommes conscients de la chance que nous avons de vivre ces moments.

Aujourd’hui, au programme, visite du Rocher d’El penol et Guatapé le village juste à côté. Le taxi vient nous chercher en début d’après-midi. Nous le voyons de loin ce rocher. Il est étonnant car on dirait qu’il est tombé du ciel. En fait, c’est un monolithe qui s’est formé dans les entrailles de la Terre et est remonté en surface. Il en existe trois exemplaires dans les environs, seul celui de Guatapé est aménagé pour pouvoir y monter le long d’un immense escalier de 649 marches!

Pour y monter, nous devons présenter notre pass sanitaire, c’est une nouvelle loi qui vient de passer en Colombie. Depuis quelques jours, comme en France, les lieux de divertissements ne sont accessibles qu’aux personnes vaccinées. Il semble pour le moment, que cette loi ne s’applique qu’aux touristes. C’est normal, en ce moment, car la Colombie est assez épargnée par le virus, il faut qu’elle se protège de l’importation du Covid par les étrangers. Ce pass, n’est exigé que pour les adultes, pas pour les enfants.

Aristide parvient à monter une centaine de marches. Pas mal, mais pour nous nous qui le portons, les 550 marches restantes sont une belle épreuve sportive. On s’en sort pas trop mal, merci notre entrainement à bicyclette! La vue à 360° est époustouflante. Nous sommes face à un paysage étonnant. En effet, ce lac face à nous est un lac artificiel. Il a été formé dans les années 1970 par la construction d’un immense barrage. La vallée a été immergée, nécessitant la reconstruction d’un village entier quelques kilomètres plus loin. Ce lac est rempli d’ilots qu’étaient les sommets de plusieurs montagnes autour de cette vallée. Le paysage est atypique, la forme du lac aussi. Une glace et un jus de fruits plus tard, et nous voilà de nouveau dans les escaliers sur le chemin du retour. Puis, pour continuer notre journée découverte, une jeep partagée nous amène à Guatapé.

Il est déjà 17 heures. Nous décidons de prendre un bateau pour aller goûter au lac de plus près. Ici, c’est un peu comme un Saint Tropez colombien.

Autour du lac, s’élèvent de magnifiques villas, toutes plus grandes les unes que les autres, avec des pontons et des jet-skis à gogo. On apprend que Pablo Escobar y avait une magnifique villa avec une discothèque privée. Nous passons devant et découvrons qu’elle a été dynamitée par un cartel ennemi. Los Pepes ont détruite la seconde maison préférée de Pablo avec 200 kg de TNT dans la baignoire… Il ne reste que les murs et la légende. D’ailleurs, beaucoup de villas sur ce lac appartiennent à des grands noms du cartel de Medellin. Un bon moyen de blanchir l’argent.

Nous terminons notre exploration par la visite du village en lui-même. Une très belle église blanche, beaucoup de petits magasins proposant de l’artisanat local, de la musique, et les décorations de Noel qui commencent à être mises en place. Nous rentrons heureux de nos découvertes du jour.

Vers 21 heure, alors que nous avons fini notre repas, un gros orage éclate et provoque une grosse panne d’électricité. Nous profitons de la semi obscurité pour aller nous coucher tôt. Nous repensons à nos nuits sous la tente en Suède par ce type de temps et nous sommes bien heureux de nous coucher au sec. Le lendemain est consacré à la logistique et aux préparatifs pour la suite du voyage. Nous voulons trouver un village typique pour nous poser jusqu’à Noel. Nous décidons de ne pas aller sur la côte Caraïbe car beaucoup de touristes s’y rendent pour les fêtes de fin d’années et les prix flambent. Nous optons la région de Santander. Ce coin des Andes nous attire beaucoup. Nous avons vu un billet d’avion pour nous y rendre en une heure à partir de Medellin, malheureusement, impossible d’effectuer le paiement en ligne. Nous décidons d’aller à l’aéroport et d’acheter sur place dès le lendemain. Pendant ce temps, les enfants profitent du jardin et aménagent des marches pour descendre jusqu’à l’eau sans tomber. Ils rêvent par la même occasion des aménagements qu’ils feront dans notre jardin à Fronsac. Ils s’inspirent de ce qu’ils découvrent pendant le voyage, les plantes, les constructions. Ils commencent à planifier pour faire de notre jardin un paradis.

Le lendemain, nous partons de bonne heure pour Medellin avec la ferme intention d’arriver à Bucaramanga, le chef lieu de Santander dès que possible. Nous arrivons à l’aéroport et là c’est la mauvaise surprise. Le prix des billets est triplé par rapport à celui que nous avions repéré sur internet. Le prix en ligne est manifestement un prix réservé aux colombiens car les cartes étrangères ne fonctionnent « inopinément ? » pas sur le site. Pour nous six, il est hors de question de payer trois fois le prix. Nous décidons finalement de repartir de l’aéroport et de nous rendre à destination par un bus de nuit. Retour donc au terminal, nous y prenons nos tickets de bus pour Bucaramanga départ à 17h30, l’arrivée est prévue à 2h30 du matin. Nous nous équipons avec des coussins pour nous mettre autour du cou pour dormir un peu plus facilement, nous prenons quelques petits gâteaux à grignoter, et nos draps de soie si jamais la clim est trop forte dans le bus. Et réservons également un hôtel juste à côté du terminal d’arrivée. Et quelle bonne idée, car nous arrivons finalement à 4h30 du matin. La température ici est bien plus douce, nous retrouvons un climat un peu plus chaud car l’altitude est moins élevée, nous sommes à peu près à 900 mètres au dessus du niveau de la mer. Quelques heures de bus et un autre monde à découvrir…

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8 Commentaires
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Emmanuelle PONTIEUX
2 années il y a

Je suis totalement d’accord avec « votre caviste ». Nous qui sommes au cœur de la société de consommation qui traverse une crise majeure avec le covid et le réchauffement climatique, on voudrait pouvoir revenir à une vie plus simple et plus en accord avec la nature. Mille merci pour ce beau récit qui nous fait rêver et qui nous rassure quelque part car ça nous prouve qu’une vie simple et équilibrée est encore possible. A nous de faire tout notre possible pour y parvenir. Mille bisous à vous 6. Vivement le récit de vos prochaines aventures !

Fred
2 années il y a

Je retiens cette phrase « quelle chance de prendre le temps », contemplation, adaptation, persévérance, encore une fois bravo et merci pour ce partage.
On vous embrasse. Fred et Virginie

Votre caviste 🍷🍻😁🎄🎁
2 années il y a

Magique😍🥰 je ne dirai jamais assez MERCI pour ce voyage que vous partagez avec nous 🙏😍🥰
On voyage grâce à tes mots bien choisis et vos photos splendides!!
J’adore vraiment ce livre 😍. On ressent une énergie tellement positive que ça fait du bien 🙏🥰.
On frissonne à Medellin, on est apaisé dans cette cabane au milieu de nul part, on est fatigué du voyage en bus….on savoure tout simplement😍
Merci de tout cœur pour cette bouffée d’oxygène qui fait un bien fou 🙏😍
Prenez soin de vous et j’ai hâte de lire le prochain chapitre😁
Profitez et prenez soin de vous 🥰😘😘😘😘😘😘

Joëlle Pontieux
2 années il y a

Quel magnifique voyage ! Dans ce pays la Colombie qui nous parait si loin et pourtant vous y êtes ! A travers ton texte je voyage avec comme dans un livre ! Prenez bien soin de vous ❤ ❤ gros baisers, à très vite sur WhatsApp
Ici, pluie ☔ et vent, 6.5 degrés, on est bieau chaud 😘😘